1 juillet 2010
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Plein de songe mon corps, plus d'un fanal s'allume
A mon bras, à mes pieds, au-dessus de ma tête.
Comme un lac qui reflète un mont jusqu'à sa pointe
Je sens la profondeur où baigne l'altitude
Et suis intimidé par les astres du ciel.
Jules Supervielle
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Poésie
30 juin 2010
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RÊVERIE
Oh ! laissez-moi ! c'est l'heure où l'horizon qui fume
Cache un front inégal sous un cercle de brume,
L'heure où l'astre géant rougit et disparaît.
Le grand bois jaunissant dore seul la colline.
On dirait qu'en ces jours où l'automne décline,
Le soleil et la pluie ont rouillé la forêt.
Oh ! qui fera surgir soudain, qui fera naître,
Là-bas, - tandis que seul je rêve à la fenêtre
Et que l'ombre s'amasse au fond du corridor, -
Quelque ville mauresque, éclatante, inouïe,
Qui, comme la fusée en gerbe épanouie,
Déchire ce brouillard avec ses flèches d'or !
Qu'elle vienne inspirer, ranimer, ô génies,
Mes chansons, comme un ciel d'automne rembrunies,
Et jeter dans mes yeux son magique reflet,
Et longtemps, s'éteignant en rumeurs étouffées,
Avec les mille tours de ses palais de fées,
Brumeuse, denteler l'horizon violet .
Les orientales
Victor Hugo
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Poésie
27 juin 2010
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Est-on jamais assez enfant
Est-on jamais assez enfant,
Jamais assez émerveillé ?
Ah ! devenir comme un étang
Où tout le ciel vient se baigner !
Le vent, le joli vent d'été
Poudre d'or rose les froments.
Un pic, dans l'ombre du verger,
Ravaude les vieux draps du temps.
Te souviens-tu du fruit léger
Que tu transformais en pendule
Pour balancer le crépuscule
Au bout d'un long fil d'araignée ?
Est-on jamais assez l'enfant
Qui, en jouant à la marelle
Et en riant éperdument,
Pousse le palet en plein ciel,
Jamais assez émerveillé
Devant la vie, ce cerf-volant
Qui s'élève, rouge, or et blanc,
Sur les coteaux ensoleillés ?
En sourdine
Maurice Carême
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22 juin 2010
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Poésie
17 juin 2010
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Une larme
.. Une larme, une seule,
Mais comme un océan,
Pour crier sa douleur
Et hurler à la mort. Une larme, une seule,
Mais comme un océan,
Pour inonder son cœur
Et renaître à la vie !
Elisabeth Lafont
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Poésie
16 juin 2010
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Nénuphars blancs, ô lys des eaux limpides,
Neige montant du fond de leur azur,
Qui, sommeillant sur vos tiges humides,
Avez besoin, pour dormir, d'un lit pur ;
Fleurs de pudeur, oui ! vous êtes trop fières
Pour vous laisser cueillir... et vivre après.
Nénuphars blanc, dormez sur vos rivières,
Je ne vous cueillerai jamais !
Nénuphars blancs, ô fleurs des eaux rêveuses,
Si vous rêvez, à quoi donc rêvez-vous ?...
Car pour rêver il faut être amoureuses,
Il faut avoir le coeur pris... ou jaloux ;
Mais vous, ô fleurs que l'eau baigne et protège,
Pour vous, rêver... c'est aspirer le frais !
Nénuphars blancs, dormez dans votre neige !
Je ne vous cueillerai jamais !
Je ne vous cueillerai jamais !
Des fleurs de Dieu vous êtes les dernières !
Dans les brouillards, sous les saules épais...
Restez cachés aux anses des rivières,
Quand le soleil y luit, Nénuphars blancs !
Qui vous plongez dans vos eaux détiédies
Dont la blancheur fait froid aux coeurs ardents,
Nénuphars blancs, fleurs des eaux engourdies.
Jules Barbey d'AUREVILLY
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Poésie
15 juin 2010
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Vieille mare –
une grenouille plonge
bruit de l'eau
Matsuo Bashô
Le jour sur les fleurs
décline et sombre déjà
l'ombre des cèdres
Matsuo Bashô
Le chêne
Sa mine indifférente
Devant les cerisiers fleuris
Matsuo Bashô
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15 juin 2010
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Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
Ô Beauté ? ton regard infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.
Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore;
Tu répands des parfums comme un soir orageux;
Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.
Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ?
Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien;
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.
Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques;
De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant,
Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,
Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.
L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,
Crépite, flambe et dit : Bénissons ce flambeau !
L'amoureux pantelant incliné sur sa belle
A l'air d'un moribond caressant son tombeau.
Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
Ô Beauté, monstre énorme, effrayant, ingénu!
Si ton oeil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu ?
De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou Sirène,
Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,
Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine ! -
L'univers moins hideux et les instants moins lourds.
Charles Baudelaire (extrait des Fleurs du Mal)
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Poésie
13 juin 2010
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Couleurs
Au-dessus de Paris
la lune est violette.
Elle devient jaune
dans les villes mortes.
Il y a une lune verte
dans toutes les légendes.
Lune de toile d’araignée
et de verrière brisée,
et par-dessus les déserts
elle est profonde et sanglante.
Mais la lune blanche,
la seule vraie lune,
brille sur les calmes
cimetières de villages.
Federico Garcia Lorca,
-Chansons sous la lune -
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Poésie
10 juin 2010
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Pour un art poétique
Prenez un mot prenez en deux
faites les cuir’ comme des oeufs
prenez un petit bout de sens
puis un grand morceau d’innocence
faites chauffer à petit feu
au petit feu de la technique
versez la sauce énigmatique
saupoudrez de quelques étoiles
poivrez et mettez les voiles
Où voulez vous donc en venir ?
A écrire Vraiment ? A écrire ?
Raymond Queneau
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Poésie