Il convient de rappeler que communiquer c’est d’abord mettre en commun. Beaucoup de gens croient, parce qu’ils s’expriment, qu’ils communiquent. Le paradoxe réside dans le fait que nos parents et nos enseignants qui nous apprennent la communication - je devrais dire l’incommunication - le font en nous dépossédant de notre parole. Nous apprenons donc à communiquer avec la parole d’un autre (papa ou maman), et il faudra pour certains d’entre nous parfois toute une vie pour tenter de se réapproprier cette parole dont nous avons été dépossédés. Ce qui est en cause, c’est le processus même de la communication parentale qui consiste à parler sur l’enfant, plutôt que de parler à l’enfant. Une des clés fondamentales de cette réappropriation, c’est de ne laisser personne parler sur nous, et de renvoyer ceux qui s’y risquent à leurs propres peurs, à leurs émotions. Si quelqu’un me dit "tu devrais perdre cinq kilos", je lui répondrais "qu’est-ce que tu éprouves à me voir avec mes cinq kilos de trop ?". Simplement cela. C’est une règle à la fois très simple et très difficile, car il est plus simple de dire à l’autre qu’il a des kilos à perdre, plutôt que de m’interroger sur l’effet qu’ont sur moi ces kilos de trop.
J Salome